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L’art du leadership au féminin : un baromètre de la société

Aux origines : représentation artistique d’une dualité

Quand on parle de leadership au féminin, on l’imagine immédiatement en négatif d’un leadership au masculin. Or, il est très difficile de différencier l’inné de l’acquis entre l’homme et la femme. Aujourd’hui, « le » leadership reste en France un mot masculin et une représentation en termes de conscience collective liée au pouvoir du mâle alpha. Cela renvoie à des représentations très profondes, psychologiques et inconscientes qui touche au « premier homme », à l’homme pionnier dans tous les domaines, jusqu’à avoir une prédominance sur la femme puisqu’il a été le premier être humain sur terre par la figure d’Adam. Du coup, le « premier homme au monde », « le premier homme sur la lune », ont envahi notre imaginaire au point d’avoir rapidement en tête quand on parle d’ « avancée du progrès » ou même d’« humanisme », ce corps d’homme nu avec quatre bras et quatre jambes dans un cercle annoté par Léonard de Vinci. Bien sûr, son équivalent féminin, la fameuse Joconde, par le célèbre peintre, reste sagement les bras croisés et surtout dont seul le haut du corps existe. Il ne devrait pas y avoir pourtant de différence dans l’exercice du leadership exercé par les hommes et par les femmes. La Joconde aurait pu être une dirigeante mais elle reste une « femme mystérieuse »… L’homme de Vitruve, quant à lui, frappe par la puissance masculine non seulement de force mais de pouvoir énergétique qui se dégage du dessin.

De plus en plus de gens pratiquent ce que l’on nomme l’« artivisme », c’est-à-dire que nous utilisons l’art pour porter notre action dans le monde. Remettre au cœur du monde la question de ce que doivent nous apporter l’art et la culture qui ne sont pas ici pour seulement « créer du Beau », comme le ferait une représentation de la « Joconde », mais, au contraire, qui vient s’ancrer dans les différents pieds et jambes de l’Homme de Vitruve pour efficacement aider le leadership.

 

De la dualité à l’égalité

Aujourd’hui, il faut absolument déconstruire les stéréotypes et les combattre de toutes nos forces. Cela commence dès le début avec une éducation de respect vis-à-vis des femmes en ne les traitant pas comme des êtres qui doivent être serviles ou même qui ne se définissent qu’en rapport à la maternité (réduire les jeux de poupées pour les filles, augmenter les jeux des tâches ménagères pour les garçons). Un renforcement de la force des petites filles, avec une exposition très tôt entre autres à un sport de combat, un sport d’équipe et une aide à la prise de parole valorisée par la famille, reste une base pour une éducation positive qui déconstruit les stéréotypes.

Dans le monde de l’entreprise, c’est encore par l’éducation des femmes ET des hommes que peut se produire ce changement de paradigme. Des programmes comme « Eve » de Danone, « EllesVMH », entre autres, sont là pour en témoigner : aider les femmes à casser le plafond de verre, à oser briguer les postes à hautes responsabilités sans peur de ne pas trouver l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Il y a encore beaucoup à faire, surtout actuellement en période de COVID, avec les violences domestiques qui remettent encore la femme au rang de victime.

 Ce qu’il faut dire aux nouvelles générations (hommes et femmes), aux enfants, aux jeunes adultes, à propos du leadership au féminin, c’est surtout de ne pas avoir peur… C’est la peur qui crée chez l’autre ce sentiment de capacité d’emprise. C’est très difficile pour une femme de ne pas avoir peur d’être une « mauvaise » fille, une « mauvaise » mère, une « mauvaise » épouse, une « mauvaise » compagne tout simplement… Etre « bonne » dans tous les sens du terme, voilà l’injonction qui reste dans la tête des femmes et des filles. Aujourd’hui plus que jamais, il ne faut pas avoir peur non seulement de ne pas être « bonne » mais d’être « mauvaise »… pour juste « être » soi. Il est temps pour le leadership au féminin que les femmes acceptent de ne plus avoir peur d’être vues, d’être jugées, d’être observées et de pouvoir enfin faire entendre et surtout faire voir sa voix.

Des outils au service d’un leadership au féminin

Aujourd’hui, lorsque l’on manage ou que l’on occupe des postes à forte responsabilité, il est possible de renforcer sa place en misant sur l’incarnation de son propre personnage pour lui donner toute l’épaisseur d’un leadership authentique, où la vulnérabilité devient révélatrice d’un management puissant et profond. Cela vaut pour tous, homme ou femme. Cela se manifeste au niveau du corps, dans la posture, dans le non verbal et s’entretient et se développe à travers de nombreux outils, parfois même au quotidien.

D’abord la lecture : l’enrichissement intellectuel à travers des livres sur l’émancipation féminine, précurseurs d’une réelle nouvelle condition de la femme dans nos sociétés, sont nombreux comme « Moi Malala » de Malala Yousfzai, « Le Consentement » de Vanessa Springora, « La Mulâtresse solitude » d’André Schwarz-Bart ou encore « Des mots pour agir contre les violences faites aux femmes » sous la direction d’Eve Ensler. Ensuite, plusieurs programmes sur le « Women Empowerment » en entreprises existent aujourd’hui et permettent de participer à des débats et conférences sur les problématiques rencontrées encore trop souvent par des femmes dans ce « patriarcat professionnel» qui subsiste toujours malgré des prises de conscience quant à l’indispensabilité de l’égalité hommes-femmes mêmes aux fonctions les plus hautes.

Une récente étude de l’Insee montre que la présence des femmes cadres a doublé depuis 1982, passant de 21% à 42% en entreprise. Ce qui conforte l’idée qu’un leadership au féminin existe bien. Cette donnée a bien été intégrée dans les stratégies RH des entreprises et notamment sur le plan de la formation. Aujourd’hui, les formations et le coaching en leadership sont des moyens efficaces pour accompagner celles et ceux qui souhaitent mener à bien les objectifs dont ils ou plutôt dont elles ont la feuille de route.

D’autres outils subsistent évidemment pour faire mouvoir le leadership au féminin, que ce soit être partie prenante dans des fondations qui viennent en aide aux petites filles moins privilégiées dans le monde en leur donnant par exemple accès à l’éducation par le théâtre (fondations comme Malala Foundation ou Global Gift Foundation), mais aussi aux femmes en souffrance. Il est toujours possible de participer à des campagnes de sensibilisation ou collecte pour éradiquer la précarité menstruelle (groupe SOS par exemple), venir en aide à des associations qui luttent contre les violences conjugales, les féminicides, les mariages forcés. Tout ce qui, de loin ou de près, met l’être humain dans une iniquité ou une situation dangereuse totale uniquement liée au fait d’être femme.

Au-delà d’une compétence, le leadership au féminin est avant tout un engagement qui se vit et s’entretient aussi bien dans le cadre professionnel que personnel.

En collaboration avec Guila Clara Kessous

Ambassadrice de la Paix, UNESCO Artist for Peace et Rising Talent 2020 du Womens Forum.